1. AGENDA

En août 2024, parution d’un nouveau livre aux éditions La Déviation : La cavale du babouin


En 2022 : Parution de La Politique expliquée aux enfants de Denis Langlois, illustrée par Plantu. (Editions La Déviation)
Édition spéciale 1983-2022.

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2021. "Le Voyage de Nerval" (Gérard de Nerval au Liban), récit de Denis Langlois, paraît aux éditions de La Déviation.

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Paru en 2020 le livre "Pour en finir avec l’affaire Seznec" (La Différence) de Denis Langlois (avec un cahier-photos de 16 pages) sera bientôt à nouveau disponible en librairie.

2019

Les Éditions de La Différence publient "L’Affaire Saint-Aubin" de Denis Langlois, avec un cahier-photos de 16 pages.

2018, les éditions SCUP-La Déviation publient une nouvelle édition complétée et illustrée de "Panagoulis, le sang de la Grèce" de Denis Langlois.

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ARCHIVES MILITANTES.

Nouvelles rubriques sur le site :

*La Ligue des droits de l’homme (1967-1971).

*La Fédération internationale des droits de l’homme (1968-1970).

*Les luttes militantes pour l’autodétermination du Pays Basque (1984-1997).

*La guerre dans l’ex-Yougoslavie (1991-1994).

Barricade (mars 2012). Michel Lebailly

"Monsieur a son avenir devant lui, mais il l’aura dans le dos chaque fois qu’il fera demi-tour..."

Il y a du Pierre Dac chez Denis Langlois et ce n’est pas un hasard. Le pacifiste plutôt austère, le porte-parole du collectif contre la guerre du Golfe en 1991, l’ancien avocat de la Ligue des droits de l’homme, l’auteur de « l’Affaire Seznec », des « Dossiers noirs de la police » et du « Guide du militant » publie aussi ses « Pensées hasardeuses » ou aphorismes rigolos, dans le mensuel d’humour Fluide Glacial. C’est qu’on ne peut espérer changer le monde si on ne sait pas voir l’absurde qui côtoie la tragédie et si on ne se remet pas soi-même en cause avec un peu d’auto-dérision.

De la tragédie, Denis Langlois nous en sert ! Épisode sanglant de la « guerre des montagnes » qui a opposé au Liban les communautés druzes et chrétiennes, le massacre de Maasser. Ou plutôt les massacres. En 1977, seize chrétiens tués. En 1983, ils sont soixante-trois, y compris femmes, enfants, vieillards, massacrés par leurs voisins druzes. En 1991, par vengeance, un chrétien tue sept Druzes. Du lourd.

Comment ? Pourquoi ? Comment peut-on vivre, ou survivre, après ? la réconciliation est-elle possible ? Que sont devenus ceux qui ont fui et que l’on appelle « les déplacés ». Dans le livre de Denis Langlois, Elias Kassem est l’un d’eux. Le narrateur part à sa recherche, mène l’enquête, à Beyrouth, Jounieh, puis dans le Chouf, et se rapproche lentement du lieu de la tragédie jusqu’à la regarder en face.

Auparavant il aura multiplié les rencontres jusqu’à ce dîner avec Walid Joumblatt. Le chef de guerre druze a également été ministre d’Etat aux déplacés de 1992 à 1998. « N’y a-t-il pas une contradiction, lui demande-t-il, entre le fait d’être aujourd’hui le ministre chargé du retour des déplacés quand on a été l’un de ceux qui ont le plus provoqué leur départ ? »

Cette sorte de voyage initiatique, comme le dit la quatrième de couverture, serait donc le prétexte choisi par l’auteur, pacifiste, pour rappeler un épisode aujourd’hui oublié mais particulièrement emblématique de bien des guerres. On pense à la Yougoslavie, au Rwanda…

S’il n’était que cela, « Le Déplacé » serait déjà un bouquin indispensable. Mais, comme souvent, le premier degré est le plus intéressant. Le narrateur s’appelle lui-même Denis Langlois (comme l’auteur, vous aviez suivi ?) et pourquoi chercher un banal artifice romanesque dans son personnage de militant vieillissant, en pleine crise de foi révolutionnaire, alors que le livre prend toute sa valeur si on l’accepte d’abord comme le témoignage cru d’un homme déchiré entre ses convictions et ses doutes ? Et qui a lui-même longuement séjourné au Liban. Le déplacé c’est aussi lui évidemment. « Déplacé » comme l’on dit d’un commentaire qui dérange.

C’est subtil. À quel moment cette douce musique, le rappel du socle dur de son engagement : le pacifisme, celui qui demeure lorsque les illusions révolutionnaires se sont envolées, à quel moment ce rappel devient-il gênant, comme vidé de son sens, bientôt insupportable ? Le narrateur finit par agacer quand il se croit obligé de se justifier parce qu’il serre la main à un militaire ! Et lorsqu’il discute avec un tueur fou, est-ce par fascination morbide, par volonté de comprendre ? Ou simplement parce qu’il ne sait plus lui-même où il en est ? Où est sa place ?

Y a-t-il un chemin à emprunter pour redonner de la consistance à ses convictions d’antan en passe de se muer en simples slogans vides ? « Un déplacé, c’est quelqu’un qui a perdu sa place. Quelqu’un qui cherche à retourner à la case départ, mais on ne retrouve jamais la case départ dans l’état où on l’a quittée (…) Il faudrait pouvoir emporter sa case départ sur le dos, comme un sac de camping, mais par définition le case départ ne part pas. »

Jouant avec les codes du genre, Denis Langlois brouille évidemment les pistes. Toutes les pistes : autoroutes embouteillées, routes défoncées par les bombardements, chemins de montagne jonchés d’ordures (qui les a laissées ?), culs-de-sac, raccourcis foireux, sentiers interdits mais où pousse une racine plus efficace que le Viagra…

L’essentiel, c’est d’arriver. Mais où ? Réponse – peut-être – dans ce livre magistral. D’abord émouvant, ensuite dérangeant, et, au final, formidablement stimulant !

Michel LEBAILLY

 

http://artscollagescartespostales.centerblog.net/633-barricade-n-5-est-en-kiosque#


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